Par un weekend de Mars, entre deux giboulées bien au chaud sous une couette, j’ai pu prendre le temps de voir l’épisode « Pilot », diffusé Mercredi dernier, de la toute nouvelle série de la chaîne américaine CW qui fait déjà parler d’elle : « The 100 ».
Pourquoi fait-elle tant parler d’elle ?
Chaque année, une ou plusieurs séries connaissent un succès digne des Lost, Prison Break, ou plus récemment Breaking Bad et The Walking Dead. Lorsque de nouvelles séries débarquent sur les chaines américaines, on s’attend donc à découvrir une perle parmi les dizaines de démarrages. Et « The 100 » fut toute désignée. Mélange de Battlestar Galactica pour l’esprit « space-opera » et « derniers humains vivant dans l’espace, dans un monde brutal…», Lost & Hunger Games pour la « survie » dans la jungle et entre adolescent, il faut dire que sur le papier, elle a tout pour plaire. Jugez plutôt :
« Les hommes ont rendues la Terre inhabitable suite à la Troisième Guerre Mondiale. Juste avant cette apocalypse, les douze pays possédant une station spatiale envoient des survivants dans l’espace pour sauver l’espèce humaine. 97 ans plus tard, il ne reste plus qu’un vaisseau, « The Ark » (l’Arche), surpeuplé (4.000 survivant) et en piteux état, le vaisseau ayant été reconstruit à partir des autres stations. Le peuple est désespéré : un avenir incertain, vivant enfermé dans l’espace sous une dictature faisant respecter strictement la loi (une bagarre, un vol, la naissance d’un deuxième enfant ou encore une trahison signifie un emprisonnement). Seul espoir pour la survie de l’humanité : retourner au plus vite sur Terre. Mais celle-ci est probablement toujours irradiée et donc, invivable. Le Chancelier décide donc d’y envoyer 100 « cobayes », tous prisonniers, pour tester leur survie dans un monde devenu dangereux et pleins de surprises… »
En sillonnant le synopsis lors de l’annonce de cette série sur la CW américaine (diffusant actuellement Arrow ou Vampire Diaries), je n’ai eu qu’un seul mot à la bouche : « vivement ». Parce que oui, Lost m’a laissé un grand vide même si je regrette amèrement sa tragique déchéance. Terra Nova qui devait être LA nouvelle série dans le thème de la « survie » m’a fait mourir d’ennui et m’a horriblement déçu. Etant un grand fan du genre fantastique/science-fiction, j’attends beaucoup de cette série qui pourrait faire changer les choses. Enfin une série S-F qui pourrait cartonner, avec en prime un côté survival / space-opera ! Mais généralement, les séries de la CW s’adressent principalement à un public d’adolescents… la série va-t-elle tomber dans le piège des clichés et finalement ne s’adresser qu’à ce public jeune ?
Un épisode qui n’est pas sans rappeler une autre série
La série démarre très vite. En deux minutes, le synopsis est dévoilé. On est immédiatement plongé dans le bain et on comprend tout de suite que Clarke, interprétée par la jeune Eliza Taylor sera le personnage principal. A peine la troisième minute écoulée que les 100 sont déjà à bord d’une capsule en destination de la Terre. A ce moment précis, on découvre que les prisonniers sont tous et toutes des jeunes adolescents. Dans ma tête, c’est le drame… des adolescents ? Je m’attends donc forcément à des amourettes, des histoires de cœurs, Clarke qui doit choisir entre deux ados aussi beaux l’un que l’autre, qui sont demi-frère, l’un d’eux devenant un loup-garou à cause des radiations, et moi zappant sur une autre chaine… Mais j’ai un article à faire, et je ne peux pas m’arrêter au bout de cinq minutes sur ces clichés.
Je reprends donc mes esprits pour vous parler de cette fameuse capsule qui, arrivant sur Terre, se crashera. Tiens donc, un crash… crash d’une capsule spatiale… crash d’un avion… vous aurez compris, le rapprochement avec Lost est rapide. Simple client d’œil ? Probablement pas. La comparaison se fait d’ailleurs toute seule lors des premières minutes du crash : débarquement des 100 sur une terre hostile, lutte pour la survie, guerre des clans, rivalité, quête du pouvoir, et une Terre qui s’avérera être déjà peuplée. « Peuplée » disais-je ? Oui mais par qui ou quoi ? Comment ces habitants ont-ils survécu à l’apocalypse ? Les 100 survivront-ils à cet environnement hostile ? Que deviendront ces adolescents fassent aux trahisons, aux rivalités pour obtenir le pouvoir sur le groupe, et fassent à ses « habitants » ? Telles sont, dès le premier épisode, les premières questions que l’on se pose et qui nous replongent dans une atmosphère à la Lost. La participation de « Desmond »alias Henry Ian Cusick, jouant ici le rôle de Kane le vice-chancelier, nous y fait forcément penser.
Mais la série ne se veut pas comme une copie de Lost. Même si l’histoire se focalisera sur ces « cobayes » luttant pour survivre dans un monde hostile, il ne faut pas oublier les autres survivants de l’Arche. Et c’est là que la chaine nous promet d’apporter le côté « space-opera » dont je vous ai parlé tout à l’heure : des enjeux politiques complexes, des conflits, et des trahisons (aussi !) à bord du dernier vaisseau humain. Comment réagiront les familles des prisonniers et les survivants à bord de l’Arche suite au départ des 100 ? Vont-ils revenir sur Terre ? Le Chancelier saura –t-il conserver son pouvoir ? Tant de questions qui pourront nous plonger dans un univers étrange et complexe. A noter, pour les fans de Battlerstar Galactica, la courte apparition d’Alessandro Juliani (Felix Gaeta) le temps du premier épisode.
Un premier épisode très cliché
Malgré toutes ces promesses, ce premier épisode souffre des clichés qui se ressentent presque tout le long. J’ai vraiment eu l’impression de voir une série pour adolescents durant cet épisode, avec des acteurs coiffés et habillés à la perfection, à l’inverse d’un vice-chancelier qui portera un maillot troué (je rappelle qu’ils sont censés être des prisonniers, ayant vécu dans l’espace où les générations se succèdent depuis 97ans…). A cela s’ajoute un jeu d’acteur vraiment pas au niveau et un effet caricatural à en mourir. C’est dire la déception…
Quand je parlais tout à l’heure de Clarke qui doit choisir entre deux ados, c’est clairement cet effet là que l’on retrouve. On repense donc à Twilight, Vampire Diaries, One Tree Hill… des séries ou films qui ont fonctionné, mais qui s’adressaient clairement à cette tranche d’âge. Oh, je n’ai rien contre les séries pour adolescents, ayant moi-même été très satisfait de celles-ci à une époque pas très lointaine ! Mais la chaine avait clairement annoncé la couleur en stipulant que cette série s’adressait à un large public, et non pas uniquement aux ados. Devons-nous forcément retomber dans ces clichés, dès le premier épisode ? Pas si sûr.
Là où la série peut se rattraper, c’est par rapport à son synopsis. L’histoire est accrocheuse, avec un potentiel énorme et une ambiance présente notamment lors des cinq dernières minutes. Cette fin d’épisode m’a donné envie de voir le second épisode. Si elle arrive à franchir le cap des clichés « ados », et si l’ambiance de ces dernières minutes perdure, alors elle pourra clairement méritée le tapage médiatique qu’elle fait outre-Atlantique et légèrement en France.
Pour le moment, je reste donc déçu. Peu de série de science-fiction ont bien fonctionné, et pour le moment, « The 100 » ne prends pas encore la relève. Mais un seul épisode ne fait pas tout et cette série peut encore se rattraper. Les prochains épisodes, d’un total de 13 pour cette première saison, nous dirons très vite si l’adaptation du roman éponyme de Kass Morgan sera une réussite.
Crédit photo : The CW