Par Sarah
Dans le cadre de sa case « Infrarouge », France 2 diffusera ce mardi à 23H15 "Dans le secret de la violence sociale" un film inédit écrit et réalisé par Jacques Cotta.
Hier Air France, Goodyear, Sony, Molex, Caterpillar, Sodimatex, Continental, etc… Aujourd’hui Whirlpool. Hier Nicolas Sarkozy ou François Hollande devant des ouvriers menacés, prenant des engagements, aujourd’hui Emmanuel Macron ou Marine Le Pen… Désillusion, exaspération, déception, perte de repère, abandon…. Chômage, misère, perte de toute relation sociale…. Manifestations, occupations, séquestrations… Etrange impression que cette confrontation à « la violence sociale », la violence ouvrière d’une part, visible, la violence patronale d’autre part, feutrée, cachée, camouflée… Dès lors demeure une question : est-il possible d’aborder sérieusement la violence sociale en se limitant à un de ses aspects – la violence ouvrière visible - et en ignorant l’autre -la violence patronale- souvent présentée comme simple fatalité ?
En 2011, François Hollande en campagne électorale se rendait devant l’usine Goodyear d’Amiens avant sa fermeture et prenait des engagements rassurants, mais non suivis d’effet. A Goodyear comme en bien d’autres usines, la colère des salariés déçus qui voulaient préserver leur emploi a alors laissé place à des manifestations déterminées. On parle alors de « violences ».
Pour y voir clair, j’ai tenté une plongée dans le monde du travail, rencontré des centaines de salariés, d’ouvriers. Ceux qui hier ont été confrontés à des occupations d’usines, à des séquestrations de patrons, à Sony, Molex, Caterpillar, Sodimatex, Continental… Mon périple s’est achevé en juin 2016, voilà presque une année. Mais il aurait pu se poursuivre. Whirlpool, usine à la porte de laquelle se précipitent en campagne électorale Marine Le Pen et Emmanuel Macron ne dénoterait pas.
J’ai sollicité les grands patrons de ces entreprises… J’ai cherché à rencontrer Pierre Gattaz… J’ai recueilli documents et déclarations qui tant bien que mal m’ont permis de donner la parole sans exclusive aux uns et aux autres pour tenter de comprendre la réalité des faits relatés par ceux qui les ont accomplis, par ceux qui les ont subis.
Séquestrations hier jusque dans les coins les plus reculés des provinces françaises, chemise arrachée aujourd’hui, je me suis rendu à Air France, ai rencontré les principaux protagonistes qui se trouvent à l’origine de la grande manifestation pour protester contre les mesures de leur direction au CCE, ai tout fait pour donner la parole à Alexandre de Juniac, alors PDG de la compagnie. Je me suis rendu à Goodyear, ai côtoyé ceux qui hier étaient à la tête des mouvements de résistance contre les 1200 licenciements et qui ont participé à la retenue de leur patron….
Qui passe à l’acte ? Des voyous ou des salariés qui avant de franchir le pas étaient insoupçonnables ?
Comment, alors que durant des années on a été un salarié discipliné, peut-on être amené à de telles extrémités ? Quelles explications à de telles explosions ? Comment des salariés sont-ils amenés à franchir le pas ?
Quel est le regard de chefs d’entreprises et de DRH sur cette détérioration des rapports qui les mettent en première ligne ? Comment expliquent-ils cette exacerbation des tensions : pressurisation des personnels ? Pression sur les entreprises ? Effondrement des valeurs de respect mutuel ?
Comment les organes de dialogue et d’organisation peuvent-ils ou pas tenir leur place ? Les syndicats par exemple : jouent-ils un rôle ou sont-ils totalement dépassés dans ce type de réactions ?…
Et quel regard de la part des salariés sur les politiques qui les condamnent sans autre considération ?
Voilà quelques questions que j’ai abordées au cours de mes nombreuses rencontres et auxquelles mes interlocuteurs ont accepté de répondre dans détour, sans « langue de bois » …
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