Par Sarah
Ce lundi à 21h10, France 3 diffusera "Dans les bals populaires", un documentaire inédit écrit et réalisé par Yann Coquart.
À deux, à dix ou en ronde, hier comme aujourd'hui, nous nous sommes tous retrouvés au bal pour danser.
Mais quel est ce lien secret qui unit les Français à cette tradition ?
Partout en France et depuis toujours, sur le pavé ou la terre battue, sous les lampions ou les néons, en hiver ou en été, on se retrouve au bal, pour faire partie d'un tout, dire là d'où l'on vient, oublier le quotidien, la hiérarchie, le costume. Pour échapper à l'isolement des campagnes ou à la solitude du monde moderne. Pour être libre, résister et se sentir exister.
Des fêtes de village aux clubs des années 1950, des grands bals nocturnes de la Belle Époque aux supermarchés de la danse des Trente Glorieuses, des guinguettes des bords de Marne aux discothèques des années 1980, des dancings de l'entre-deux-guerres, aux raves-parties en passant par l'incontournable bal des pompiers, le bal a évolué. Il vit avec son temps. Il s'adapte aux évolutions sociales, aux impératifs politiques, aux aspirations populaires, et suit les courbes du progrès, servant de baromètre à chaque époque.
Mais qui se serait douté que le premier bal du 14 juillet 1880 fut d'abord un outil de propagande pour les Républicains ? En l'ancrant dans le souvenir de la prise de la Bastille, la IIIe République fait de son premier bal officiel un rituel politique fondateur. Il y aura d'autres 14 juillet historiques, qui sont autant de célébrations où les intérêts du pouvoir et les sentiments du peuple s'affrontent au travers du bal.
Pour fêter l'union d'une nation en 1880, ou acter sa refondation en 1958 sous l'égide du général de Gaulle, pour célébrer l'acquisition de nouveaux droits sociaux en 1936 ou entrer en Résistance en 1942, pour protester contre le régime en place en 1968 ou commémorer le bicentenaire de la Révolution en 1989.
L'histoire du bal est aussi celle de la jeunesse, qui le façonne à son image, en renouvelle les formes. Nouveaux instruments et styles de musique, nouveaux moyens techniques et lieux de rencontre pour l'écouter, nouvelles manières de danser et de s'habiller.
Au fil du temps et des lieux, la France entière s'est mélangée sur la piste de danse : les anciennes et les nouvelles générations dans les bals champêtres et les fest-noz, les bourgeois et les voyous dans le Paris de la Belle Époque, les Blancs et les Noirs dans les dancings de l'entre-deux-guerres, les ouvriers et les immigrés dans les guinguettes de banlieue et les bals de mineurs, les homos et les hétéros dans les boîtes de nuit disco.
Et si le bal agit parfois comme un révélateur des tensions qui traversent la société, il est aussi le moyen par lequel les Français les transcendent ensemble.
Malgré les épidémies, les guerres, la morale et toutes formes d'interdictions, le besoin de se rassembler pour danser est plus fort que tous. Danser au bal, c'est faire société.
Les intervenants : André Ricros (Cantal), Claude Ribouillault (Poitou), Bernard Coclet (Allier), Marina Kretsch (Moselle), Marc Clérivet (Ille-et-Vilaine), Jo Privat Jr (Paris), Christophe Apprill (Bouches-du-Rhône), Janine Picard (Corrèze), Éric Gay (Paris), Thierry Fanfant (Val-de-Marne), Jeanne Vecchio (Val-de-Marne), Jean Chaponnet (Yonne), Colette Suchetet et Jeannot Pallant (Côte-d'Or), Alan Stivell (Ille-et-Vilaine), Patrick Vidal (Paris), Guy Cuevas (Paris), Blandine Ornorm (Essonne)
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