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"Emmanuel Rist, la haine au coeur" dans Faites entrer l'accusé ce soir sur France 2

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Ce dimanche à 22h50, Frédérique Lantieri présentera un nouveau numéro de Faites entrer l'accusé qui aura pour sujet ce soir "Emmanuel Rist, la haine au coeur"", un documentaire de Marie-Sophie Tellier.

Emmanuel Rist : Un homme, deux signatures. « Le Bec », le pseudo qu’il griffonnait au bas de ses dessins pour la presse locale ou Amnesty International. « Tiwaz 2882 », le nom de code dont il signait les tracts racistes, les lettres anonymes et les tombes qu’il profanait. Car Emmanuel Rist idéalisait l’Allemagne du IIIème Reich ! Et il défendait une Alsace pure. Alors, après les mots, après les slogans, il est passé à l’acte.

Ce 22 mai 2001, une habitante de Gundolsheim remarque l’étrange manège d’une Golf bleue. Le conducteur semble attendre ou chercher quelqu’un dans la rue. Quand il finit par démarrer, un tapis traîne sur le trottoir, du sang coule sur la chaussée. Un corps git au sol.  Il est midi et quelques à l’horloge du village. Un homme vient de recevoir une balle en pleine tête ! Il s’appelle Mohammed Madsini. Il avait 47 ans. Il vendait ses tapis, de maison en maison. Tous les habitants de Gundolsheim connaissaient ce marchand ambulant, qui partageait sa vie entre l’Alsace et le Maroc, où vivaient sa femme et ses cinq enfants.

Les gendarmes entendent la voisine qui a remarqué la Golf. Elle ne peut pas décrire précisément le visage du conducteur. Mais un détail l’a frappée : il avait le crâne rasé… Sans aucun élément qui puisse les mettre sur une piste, dans la vie du marchand de tapis, les enquêteurs font le lien entre ce crime « gratuit » et un événement survenu quelques jours plus tôt, à 9 km de là. Un tract anonyme, signé « NSA 2882 », a été accroché sur le panneau de la mairie d’Osenbach, et il fait froid dans le dos. Son auteur y défend la « race nordico aryenne » et annonce « des raids punitifs contre les juifs, les sales races, les noirs et les tziganes ». Serait-il passé à l’acte à Gundolsheim, en s’en prenant à un arabe ?

Personne ne revendique le meurtre de Mohamed Madsini. Les années passent, et les recherches n’avancent pas. Quand, le 30 avril 2004, une nouvelle affaire à caractère raciste éclate non loin de là. Le cimetière juif d’Herrlisheim est profané. 117 tombes sont « taguées » de croix gammées, d’injures antisémites et de dates : « 30 avril 45 », celle de la mort d’Hitler. Les vandales ont agi méthodiquement. Sur les sépultures, les gendarmes ne retrouvent pas d’empreinte. Mais ils relèvent plusieurs fois l’inscription : « Tiwaz 2882 ». La signature du tract d’Osenbach ! Les gendarmes auditionnent des dizaines de personnes proches des milieux d’extrême droite, testent leurs connaissances sur le IIIe Reich, comparent leur écriture à celles qui ont été retrouvées sur les tombes… Jusqu’à ce qu’un suspect soit arrêté. Un forestier de 24 ans, militant d’extrême droite. L’homme est arrêté. Mais un nouveau crime raciste, vient relancer l’affaire à Rouffach, quelques kilomètres plus loin. Cette fois encore, c’est un Marocain qui est visé. Le 8 septembre 2005, le cabanon de jardin d’un retraité, Lhabib Benamar, explose. Un an auparavant, le cabanon voisin, celui des Besbiss, cousins des Benamar, avait déjà sauté. L’auteur n’avait jamais été identifié. Deux jours après l’explosion de Rouffach, les journaux locaux reçoivent une lettre de revendication. Elle est signée « Tiwaz 2882 ».…

Les gendarmes découvrent que les Besbiss et les Benamar n’en sont pas à leur première agression. Au volant de sa voiture, Laurent Boulanger, ancien camarade de classe des enfants des deux familles, avait tenté de les écraser. A Osenbach, où il vit, ce vigile de 25 ans s’est déjà fait remarquer pour des bagarres et des propos racistes. En étudiant son entourage, les gendarmes découvrent qu’il fréquente beaucoup un certain Emmanuel Rist, vigile dans la même société. Rist, lui, n’a rien du skinhead irascible. Dessinateur pigiste pour un journal régional, il s’est spécialisé dans le folklore alsacien, sous la signature du « Bec » ; celui qui pique, celui qui cause…  Rist prête aussi ses crayons à Amnesty International, une ONG avec laquelle il collabore régulièrement, pour dénoncer les mines anti-personnel, ou le camp de Guantanamo… Jusqu’au jour où il refuse d’animer un atelier dans les quartiers populaires de Colmar, au motif, qu’il ne veut faire cours qu’« à des enfants Français »… Et il s’en explique en affichant un racisme décomplexé. Les gendarmes découvrent un personnage fasciné par le IIIè Reich ; un homme qui a même érigé chez lui un sanctuaire à la gloire du nazisme !

Ils l’interpellent, chez lui, le 12 janvier 2006. La collection d’objets du IIIe Reich a disparu, mais les gendarmes trouvent beaucoup mieux. L’indice est là, sous leurs yeux, suspendu à son cou. Emmanuel Rist porte une médaille militaire, sur laquelle on peut lire l’inscription : « 2882 »… La signature retrouvée sur le tract, au cimetière et au cabanon.
En garde-à-vue, le dessinateur avoue : le cabanon des Benamar ? L’affaire de Herrlisheim ? C’est lui. Laurent Boulanger passe aussi aux aveux et dénonce un troisième homme : Laurent Peterschmitt. Ce dernier raconte aux gendarmes que Rist est capable de tout. Il a déjà tué. En 2001. Un marchand de tapis… Entendu, Rist explique que Mohamed Madsini l’avait provoqué, et que le coup est parti tout seul. Mais personne ne croît à sa version. Il est donc renvoyé devant la cour d’Assises de Colmar pour assassinat.

Le procès de la profanation du cimetière s’ouvre le 10 septembre 2007. Emmanuel Rist se présente comme un militant de la cellule « Tiwaz », un réseau organisé. Mais enquête faite, les trois hommes ont agi seuls. Rist prend 30 mois de prison, Boulanger 18 et Peterschmitt 6. L’affaire du cabanon rappelle devant la justice Emmanuel Rist et Laurent Boulanger en mars 2009.  Les deux hommes prennent 10 ans.

Après quoi, Rist comparait encore pour l’assassinat de Mohamed Madsini. La cour ne lui reconnaît aucune intention de tuer. Il échappe à la perpétuité. Le 23 juin 2011, il est condamné à 20 ans de réclusion criminelle, avec 13 ans de sûreté.

Crédit photo : Jean Pimentel / FTV

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