Par Jeremy
Ce dimanche à 22h50, Frédérique Lantieri présentera un nouveau numéro de Faites entrer l'accusé qui aura pour sujet ce soir "Henri Pacchioni, pour les yeux
d'Emilie", un documentaire de Youki Vattier.
Henri Pacchioni. De Marseille. Un accent à couper au couteau, une faconde toute provençale, les épaules d’un plongeur émérite et des yeux bleus comme la mer ! A l’entendre, il n’a eu qu’un amour
dans la vie : sa fille, Emilie. Une enfant handicapée mentale, dont il s’est toujours occupé avec passion. A l’entendre, c’est la mère de la petite, Michèle Moriame, qui a « fauté » ; en le
trompant, en le griffant, et pire, en négligeant leur fille. Mais, de là à tuer son ex-femme, non ! Si on n’a jamais retrouvé Michèle, c’est sûrement parce qu’elle est partie ou qu’il lui est
arrivé malheur quelque part… Et si un jour, Henri Pacchioni a avoué au juge qu’il l’avait tuée, c’était une « galéjade » ! La preuve : il s’est immolé dans sa cellule pour tenter de le convaincre
finalement de son innocence. Mais la justice est restée de marbre.… Elle a refusé de se laisser aveugler par l’amour paternel débordant d’Henri Pacchioni.
C’est la mère de Michèle Moriame, qui a signalé sa disparition, au commissariat de Marignane, le 29 mai 1989. Elle était sans nouvelles d’elle depuis deux mois. Les collègues de sa fille, ses
amis, n’en avaient pas non plus. Et plus grave, la fleuriste qui était sur le point de vendre sa boutique à Michèle l‘attendait encore… Tout comme Paul, son nouvel amoureux. Alors certes, sa
fille avait 32 ans, mais elle en est sûre : elle ne serait jamais partie alors qu’elle était sur le point de refaire sa vie. Et elle n’aurait surtout pas abandonné Emilie, sa petite fille de 5
ans.
Les policiers, qui trouvent aussi cette disparition inquiétante, se rendent chez Michèle Moriame. Ils y rencontrent son ex-conjoint, Henri Pacchioni. Le père d’Emilie n’a pas de nouvelles non
plus. Il explique que Michèle était assez volage, et surtout pas à une fugue près. Du reste, l’appartement est vide. Elle a emporté quasiment tous ses meubles, et ses vêtements. Il dit aussi
qu’avec elle, la vie était impossible ! Dans le quartier, on la surnommait « Pomponnette », parce qu’elle sortait beaucoup quand il était en mission, pour la Comex, une société de travaux
sous-marins. Et puis, Michèle était dure avec Emilie. Elle l’abreuvait de médicaments pour la faire tenir tranquille, et elle l’avait « placée » dans un centre de handicapés mentaux. Alors,
explique, Henri, depuis quelques temps, ils cohabitaient pour la petite, mais il n’y avait plus rien entre eux. Et il ne sait pas où est passée Michèle.
Les policiers poursuivent tout de même leur enquête. Des voisins leur apprennent qu’ils ont entendu une femme crier, la nuit pendant laquelle Michèle Moriame a disparu. Le lendemain, des témoins
ont remarqué des traces de griffure sur le visage d’Henri Pacchioni. L’homme explique qu’il était tombé en cueillant des asperges sauvages. Mais son explication ne satisfait pas les policiers.
Ils savent que Michèle Moriame avait déposé plainte contre son compagnon. Henri Pacchioni l’avait frappée. Un jour il l’a poussée dans une baignoire d’eau chaude. Une autre fois, il l’a
conduite dans une carrière pour la menacer avec une arme. A 32 ans, Michèle Moriame avait déjà rédigé son testament ; elle disait à sa mère qu’elle avait peur d’Henri.
En garde à vue, Pacchioni ne lâche rien. Mais devant le juge, il finit par craquer. Il avoue qu’il a flanqué une gifle à Michèle, parce qu’elle frappait la petite. Une gifle magistrale qui l’a
fait tomber. Sa tête a heurté le lit. Elle est morte. Ensuite, Henri s’est affolé. Il avait peur qu’on lui retire la petite. Il a enveloppé le corps de Michèle, et l’a jeté dans le canal de
Martigues. Le juge lance des recherches, mais le cadavre reste introuvable. Alors, Pacchioni, qui est poursuivi pour homicide involontaire, reste en prison. Et comme il souffre de ne plus voir sa
fille chérie, il revient sur ses aveux. Pour mieux convaincre le juge de le libérer, il tente même de se suicider. En attendant son procès, l’accusé est hospitalisé au centre de rééducation
d’Hyères, pour y soigner ses brûlures. Mais il s’en échappe. Henri Pacchioni prend la fuite avec sa fille. Après la Sardaigne, il gagne le brésil, puis l’Afrique. Sa cavale dure quatre ans !
Le procès d’Henri Pacchioni s’ouvre finalement le 2 octobre 1996, devant la cour d’Assises d’Aix en Provence. Henri Pacchioni qui n’a rien perdu de son bagout, tente alors d’expliquer que Michèle
a été victime d’un complot, orchestré par d’anciens amants. Mais plus personne ne le croit. Il prend 12 ans de prison. Quant au corps de Michèle Moriame, il n’a jamais été retrouvé…
Crédit photo : Jean Pimentel / FTV
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