Par Jeremy
Ce dimanche à 22h50, Frédérique Lantieri présentera un nouveau numéro de Faites entrer l'accusé qui aura pour sujet ce soir "Patrick Littorie, les crimes de la
mangrove", un documentaire de Nicolas Glimois.
C’est un double crime sordide. L’un des plus sanglants que la Martinique ait connu. Le 22 décembre 2004, on a retrouvé les corps sans vie de Karim Merlot et de sa compagne, Martine Desmarthon,
flottant entre les racines des palétuviers. Amoureux des Antilles, de leur soleil et de leurs habitants, les deux jeunes métropolitains s’étaient installés un an plus tôt dans la baie du Robert,
où ils vivaient à bord d’un voilier.
Ils y ont tous les deux été sauvagement agressés et tués. Leur meurtrier a bien failli échapper à la justice. Il se croyait protégé par les forces d’un mage vaudou…
Les fêtes de fin d’année. L’occasion pour les parents de Martine de rendre une visite à leur fille et à leur gendre, sous le soleil de la Martinique. Mais dès leur arrivée, à l’aéroport, le 21
décembre 2004, quelque chose cloche. Ni Martine, ni Karim ne sont là pour les accueillir. Leurs téléphones sont sur messagerie. Leurs amis n’ont pas de nouvelles. Jusqu’au lendemain, où ils
entendent à la radio que les corps d’une femme et d’un homme blancs ont été retrouvés, flottant entre les eaux de la mangrove. Karim Merlot avait 35 ans. Martine Desmathon, 31. Il était
surveillant dans un lycée. Elle était institutrice. L’autopsie révèle que Martine a probablement été violée. Le couple a été frappé à de multiples reprises, avec plusieurs types d’armes, avant d
‘être jeté à l’eau.
Les gendarmes perquisitionnent le Souskai ; le voilier de Martine et Karim. Ils n’y constatent pas de vol, pas de traces de lutte, mais découvrent une touffe de cheveux qui ne semble pas
appartenir au jeune couple. Et au village, une rumeur court… Elle incrimine un certain Patrick Littorie ; un martiniquais de 34 ans qui n’a pas bonne réputation. Tout le monde sait qu’il boit,
qu’il se drogue, qu’il commet des petits larcins…. Mais il se serait battu dans la nuit supposée des meurtres : on l’aurait vu avec des traces de coups sur le visage ! Les gendarmes lui rendent
visite. Sur place, ils saisissent des coutelas, des outils qui pourraient bien être les armes du crime. Il y a aussi un seau qui contient des vêtements tachés de sang. Jean-Luc Grandu, le
colocataire de Littorie, est présent. Et tout à coup, il a des révélations à faire. Ces vêtements ? C’est Littorie qui les a mis à tremper la veille, dit-il.
Parce qu’il est rentré couvert de sang. Il était dans tous ses états ! Il s’était battu avec des « blancs ». Littorie aurait même demandé à Grandu de nettoyer sa yole - son petit bateau de
pêche- elle aussi, pleine de sang… Littorie nie tout en bloc. Mais la voisine, raconte aux gendarmes, que la nuit des meurtres, elle a vu deux hommes sur la yole : Littorie, et un « chabin »,
autrement dit, un métisse, comme Grandu. Voilà les deux copains dans le collimateur.
Mais quinze jours plus tard, Patrick Littorie appelle la police. Il accuse maintenant franchement Grandu. Martine Desmarthon, qu’il disait ne pas connaître, était, en fait, sa maîtresse. Son
colocataire l’a tuée, par jalousie. Et puis, Karim Merlot était mêlé à un vaste trafic de drogue avec Grandu ! Devant le juge, les deux suspects se lancent alors dans un match absurde, d’où
Littorie sort finalement perdant. Ses antécédents, ses violences sur les prostituées de l’île, et surtout ses déclarations abracadabrantes l’installent aux yeux de la justice dans le rôle du
tueur.
Son procès s’ouvre le 2 décembre 2009, devant la cour d’assises de la Martinique. L’accusation et les parties civiles sont confiantes. Le coupable est dans le box. Mais à la surprise générale,
Patrick Littorie est acquitté ! Le parquet fait immédiatement appel. Et six mois plus tard, coup de théâtre. Un homme vient voir les gendarmes pour leur « donner » le nom du tueur de la mangrove.
Cet homme, c’est un quimboiseur, une sorte de sorcier vaudou. Il explique que Patrick Littorie était venu se confier après son crime. Il voulait que le mage le protège de la justice. Le 24
décembre 2010, un an seulement après son acquittement, Littorie est donc de retour devant la cour d’Assises. Les révélations du quimboiseur impressionnent les jurés. Deux nouvelles plaintes pour
viol, alourdissent encore le dossier de l’accusé. Cette fois, la cour le condamne à 19 ans de prison. Un verdict décevant pour les familles des victimes, comme pour la défense, qui voit dans cet
« entre deux », la place d’un doute. Le double meurtre de la mangrove n’a peut être pas encore révélé tous ses secrets.
Crédit photo : Jean Pimentel / FTV
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