Interview de François Desnoyers, directeur général délégué aux antennes de Radio France

16.07.2009

A l'occasion de la publication par l'Institut Médiamétrie des audiences radio pour la vague avril - juin 2009, François Desnoyers, le directeur général délégué aux antennes de Radio France qui a fait son arrivée au sein du Groupe Radio France il y a quelques semaines après la nomination de Jean-Luc Hees au poste de Président.

Quelles sont vos réactions sur cette nouvelle vague d’Audience (avril - juin 2009) publiée ce matin ?
C’est une vague qui n’est pas seulement encourageante mais stimulante au sens où globalement les audiences de la maison sont bonnes et que ça donne envie de faire mieux. On sent qu’il y a une dynamique notamment sur le marché des généralistes qui se traduit par le fait que France Inter est passée seconde pas si loin du leader que ça alors qu’on pensait ; à une époque l’écart était tel, qu’on pensait que le leader n’était pas rattrapable. Ca donne envie de se battre encore plus pour que ce qu’on fait, à la fois autour d’émissions dans cette maison et de la qualité des antennes, se traduise par des audiences qui sont bonnes, parce que c’est normal de faire de l’audience quand on est payé par le contribuable.

Cette audience, on ne la fera pas à n’importe quel prix en vendant notre âme ou en renonçant à nos missions. Il est évident que quand on voit ces audiences ce matin, c’est encourageant, gratifiant et stimulant.

France Inter passe devant NRJ pour devenir deuxième station de France, une belle réussite mais aussi une pression pour la nouvelle équipe ?
Oui et non. Ca met une pression au sens que c’est la sanction positive d’une grille qui fonctionne déjà depuis plusieurs saisons. Les changements à la rentrée sur France Inter vont être extrêmement marginaux. La rentrée va se faire dans une vraie continuité. Il n’empêche que c’est vrai que c’est un challenge de faire encore mieux.

Concernant France Inter, quelles seront justement les changements dont vous pouvez nous parler ?
Je ne voudrai rien vous dire des changements de la grille d’Inter car c’est à Philippe Val de le faire. Il n’a pas fini ses travaux et c’est à lui de les annoncer.

France Info, avec la concurrence des nouveaux médias de l’information comme Internet, est en baisse continue et va donc lancer un nouveau format talk à la rentrée.
On souhaite qu’à la rentrée il y ait un format d’évolution de France Info notamment dans le ton de l’antenne. France Info reste et doit rester une radio d’information continue entièrement dédiée à l’information mais l’information sous toutes ses formes avec une priorité à l’actualité chaude quand elle se présente. Avec la concurrence du « news immédiat », le moment est venu de faire évoluer le ton et la rythmique de l’antenne de façon à ce que France Info, en restant pointue sur l’info continue, puisse laisser place à l’analyse, aux débats, à l’échange, à l’explication, aux reportages en prenant plus de temps de dire les choses.

L’idée est de privilégier trois moments forts, trois grands pôles comme le matin où on allume la radio, la journée car les gens sont un peu plus disponibles pour faire le point et en fin d’après-midi qui est typique de ce qui peut intéresser les auditeurs, c’est qu’est ce qui s’est passé aujourd’hui, qu’est ce qu’on doit en penser…
Il y a donc des travaux en cours. Ce n’est pas la réforme de France Info mais une réforme de son ton et de la rythmique de son antenne.

Une réforme avec l’arrivée de nouveaux animateurs comme Nicolas Poincaré.
Effectivement, l’arrivée de Nicolas est confirmée sous des formes qui restent encore indéfinies et qui sont en train d’être peaufinées. Et France Info est une maison pleine de très bons présentateurs hommes et femmes. Donc certes il y a donc Nicolas qui revient dans la maison mais aussi des voix existantes à France Info qui vont venir concourir à cette évolution de l’antenne.

Concernant Le Mouv’ qui joue au yoyo dans les audiences, la station va-t-elle connaître une vraie rentrée en septembre ?
L’évolution sur le Mouv’ ne va pas être spectaculaire à la rentrée. C’est b processus d’amélioration et d’évolution qui va être effectif un peu plus dans le temps. La station est dans une période un peu charnière qui n’est pas confortable pour elle. Le Mouv’ quitte peu à peu son ultra-spécification musicale qui était autour du format pop/rock pour s’ouvrir à d’autres univers musicaux.

C’est moins confortable pour les auditeurs branchés pop/rock purs et durs et qui trouvaient leur bonheur. L’idée étant d’en conquérir d’autres, la station doit garder absolument à l’esprit qu’elle doit fédérer. L’objectif, c’est que Le Mouv’ ne soit pas une radio de segment mais une radio de rassemblement. C’est très difficile à faire car la mission n’est pas simple. Le Mouv’ est donc de cette réflexion qui est comment parler à un public en moyenne plus jeune que les publics moyens des autres radios mais en étant une radio de rassemblement. Ca ne passe pas que par la musique mais aussi par des séquences parlées, des sujets abordés…

On ne va donc pas avoir miraculeusement un nouveau Mouv’ qui va arriver en septembre car comme c’est un processus en profondeur, cela va être plus long mais il y a une vraie volonté.

Autre chantier également, c’est la radio numérique terrestre qui va arriver dans certaines villes test en fin d’année.
C’est un moyen de diffusion qui va apporter du plus par ses données associées que peut-être a FM. Il va d’abord falloir développer les réseaux mais cela va être du confort dans un certain nombre d’endroits et on travaille aussi sur les données associées. C’est une évolution enthousiasmante mais la FM a encore de beaux jours devant elle comme Internet ou la téléphonie. Il faut arriver astucieusement et harmonieusement à combiner ces différents tuyaux pour n’exclure aucun auditeur par la technologie et que tout le monde s’y retrouve.

Et quels vont donc être les autres prochains chantiers de la nouvelle équipe ?
Plusieurs choses, il y a les chantiers liés à l’antenne et ceux au développement. Il y a d’ailleurs François Xavier Labarraque, qui va s’occuper spécifiquement de la façon dont Radio France peut conduire ces développements harmonieusement au mieux de l’intérêt de ses antennes.

Pour les chantiers des antennes, il y a France Info qui est vraiment le chantier de l’été et qui ira plus loin que les évolutions d’il y a deux ans. Les auditeurs ont peut-être besoin qu’on les informe sur un ton différent et c’est tout l’en jeu de s’adapter aux besoins de l’époque.

Il y a aussi le chantier d’amélioration permanente de l’ensemble des antennes avec à l’intérieur de ça ce gros réseau France Bleu de 41 stations locales avec une tête de réseau qui assure la cohérence de marque, un certain nombre d’émissions communes. C’est un travail tout en finesse qu’effectue Christiane Chadal, la directrice du réseau, car on multiplie par 41 les problématiques. La complexité de France Bleu, c’est que chaque radio doit répondre à la promesse de la marque sans oublier qu’elles sont d’abord et avant tout des locales qui doivent répondre à des besoins, des envies, des tonalités, des cultures locales… Ce qui en fait un réseau unique et original dans le paysage français.

Et puis il y a le travail que font France Culture et France Musique qui est un formidable travail d’ouverture. Ca fait quelques années que France Culture a très astucieusement et très joliment ouvert les fenêtres et devient sans doute aujourd’hui une radio que des auditeurs qui n’auraient jamais osé l’aborder, l’aborde maintenant. Elle a l’image d’une maison qu’on peut fréquenter sans avoir peur. Elle a beaucoup évoluer dans ce domaine et France Musique aussi est en train de faire ce travail.

C’est toujours la même idée, des radios accessibles, extrêmement exigeantes chacun dans leur domaine car on n’aurait pas huit réseaux de radios si elles devaient se ressembler toutes. Bien sûr, il y a des auditeurs qui écoutent plusieurs radios de la maison et notre intérêt, c’est que s’ils écoutent plusieurs radios, c’est qu’elles soient de la maison plutôt qu’aller ailleurs. Il est évident qu’on a une offre où chacun doit être à sa place avec un cœur de cible particulier avec des radios de rassemblement, plus pointues plus généralistes que sont France Culture, FIP…

L’idée c’est ça, c’est l’accessibilité, l’ouverture mais le respect de la raison d’être de chacune de ces entités de cette maison, c’est ça l’alchimie qu’on essaie de poursuivre.

Dernière question, où en est l’application Iphone dont le lancement était prévu pour mai comme nous l’avait annoncé Jean-Paul Cluzel ?
Elle est dans les starting-blocks et elle va apparaître à la rentrée. On a eu un petit décalage à caractère technique mais elle va arriver pour l’ensemble de nos offres. Le calendrier que Jean-Paul Cluzel avait donné était tout à fait exact mais il y a eu un petit souci. On a huit réseaux en même temps, ça complique un peu les choses et on a donc souhaité avoir un petit ballon d’oxygène supplémentaire dans le calendrier. La pire des choses aurait été de lancer cette application et de se retrouver avec des utilisateurs pas contents.

Remerciements : Marie Liutkus
Crédit photo : Radio France : Christophe Abramowirz